13 mars 1984 - Albuquerque, New Mexico
«
Maman, ça va? » Je n'étais âgé que de six ans lorsque ma mère fut atteinte d'une tumeur cérébrale. «
Oui oui, j'ai seulement eu une petite faiblesse. C'est surement la fatigue. » Je ne la croyais pas vraiment, mais à cet âge, je ne pouvais me douter de ce qui allait arriver. Après tout, cela faisait un bon moment que celle-ci se faisait de plus en plus fatigué et ce même si elle dormait plusieurs heures par jour. Elle avait fréquemment des faiblesses comme celle-ci où elle devait se raccrocher au meuble pour ne pas tomber au sol. Ce n'est que quelques jours plus tard que le pire arriva. Alors que j'étais dans ma chambre, j'entendis ma jeune sœur crier au meurtre. À toute vitesse, je me rendis vers elle et découvrit à ce même moment le corps de ma mère étendu sur le sol, inerte. Les secours arrivèrent quelques minutes à peine après mon appel. «
C'est ta maman petit? » J'avais les mains moites et tremblantes. «
Oui. » Je ne savais pas du tout ce qui arrivait, si ma mère allait s'en sortir indemne. «
D'accord, nous allons devoir l'amener avec nous à l'hôpital. On peut rejoindre ton papa? » Mon père, si c'est le terme que je peux vraiment utiliser puisqu'il nous a quitté très peu de temps après la naissance de ma sœur, sans nouvelle, rien. Tout ce que je sais, c'est qu'il est retourné en Australie, son pays d'origine. «
Non. Il est parti depuis longtemps. » C'était la première fois que je me retrouvais en ambulance, seulement, j'aurais préféré que ce soit pour une toute autre circonstance. Arrivé à l'hôpital, plusieurs personnes en habit blanc et parfois bleu couraient dans tout les sens. Cela en était chaotique. Plusieurs heures s'étaient écoulés depuis notre arrivé. Assis dans la salle d'attente avec ma sœur, j'observai les gens autours de moi qui semblaient tout aussi impatient d'avoir des nouvelles de leurs proches. Au bout d'un bref moment, un médecin vint nous voir en espérant nous expliquer la situation sans trop utiliser de terme scientifique. «
Votre maman est très mal en point. Il se pourrait que ce soit la dernière fois que vous la voyez. » J'entendis ma jeune sœur pleurnicher à mes côtés. «
Elle va mourir? » Le médecin ne fit qu'acquiescer de la tête que je me mis moi aussi à verser des larmes. Deux infirmières vinrent nous voir pour tenter de nous consoler et nous dirigea vers le lit de notre mère afin de lui dire notre dernier au revoir. Ce fut la dernière fois que je vis ma mère. Suite au décès pré maturer de ma mère, c'est ma tante qui eut la charge de prendre soin de ma soeur et moi jusqu'à ce que nous atteignions la maturité.
08 aout 2006 - Albuquerque, New Mexico
Il était tôt dans la matinée et j’attendais patiemment ma sœur que j’avais invité à venir prendre un café avec moi, comme nous le faisons pratiquement tous les jours. Ma sœur et moi avions toujours eu une merveilleuse relation et celle-ci s’amplifia lorsqu’elle m’annonça sa sexualité. Bien que j’en aie douté bien un peu, je n’osais jamais aborder le sujet en raison de sa susceptibilité. Elle est la meilleure amie que je n’ai jamais eue et je n’ai aucunement peur de lui partager mes petits problèmes avec les filles et elle fait de même. «
Hola como estas, mi hermano? » J’arborais une expression de surprise. Celle-ci avait une nouvelle coupe de cheveux, un nouveau style vestimentaire et en plus, elle tenait entre ses mains un bouquin de traduction espagnol. «
Depuis quand tu t’intéresse à l’espagnol? Tu détestais ce cours au lycée. » Son sourire ce fit de plus belle à mes paroles. Elle s’approcha de moi pour me faire une accolade avant de s’asseoir sur la chaise situé en face de moi. «
Elle s’appelle Ana. » Il ne m’en prit pas plus pour comprendre son petit jeu. «
Ah je vois. Tout s’explique. » Je lui fis un clin d’œil et ce fut le choc. Je n’en croyais pas mes yeux. Elle était ici, celle dont j’avais le béguin était devant mes yeux, seule et elle s’apprêtait à s’installer à une table non loin de la mienne. C’était ma chance. Ma sœur claqua des doigts pour me ramener à la réalité. «
Hey oh!? La Terre appelle la Lune. Ça va? On dirait que t’as vu un fantôme. » Elle s’esclaffa avant de prendre une gorgée de son café que le serveur venait de lui apporter. Je secouai la tête avant de lui répondre en chuchotant étrangement. «
C’est elle. » Du regard, je pointai la jeune femme dont je parlais. Sans perdre une seconde, ma sœur porta rapidement son regard vers la personne en question et écarquilla les yeux et s’exprima fortement. «
Oh c’est ELLE. Elle est mignonne comme tout!!! » Mes yeux s’écarquillèrent de surprise. «
Shhh tu pourrais être plus subtile s’il te plait. » Elle se mit de nouveau à rire et vint battre l’air d’une de ses mains. «
Elle semble avoir bien plus à faire que d’écouter notre conversation. » Le sourire de ma sœur devint malicieux, le genre de sourire que je connaissais lorsqu’elle s’apprêtait à faire un sale coup. «
Tu veux que j’aille lui parler? » Ma main empoigna la sienne si rapidement qu’elle n’eut le temps de bouger d’un centimètre. «
Tu fais ça et je t’étripe. » Elle s’esclaffa à nouveau et pointa en sa direction. «
Alors qu’est-ce que t’attend Dom Juan? Elle est là, seule et n’attend plus que toi. Aller, va lui dévoiler ton charme. » Bien que la nervosité s’était empreint de moi, l’adrénaline quant à elle m’avait mené à la jeune femme qui accepta, à ma plus grande surprise, mon invitation. Depuis, nous partageons un appartement à Santa Fe et tout va pour le mieux.
26 juillet 2008 - Santa Fe, New Mexico
Le soleil avait transpercé de peu le rideau qui tentait bien que mal de m’en protégé. Mon visage faisant face à la fenêtre, je pu sentir la chaleur de celui-ci me réchauffer doucement. Je n’étais pas encore totalement réveiller, mais je commençais tranquillement à ressentir ce qui se produisait autour de moi. Malgré moi, je n’ai pas eu la chance de prédire que ma copine allait entrer dans la chambre et tirer brusquement les rideaux pour y laisser pénétrer la lumière. Elle eut droit à un grognement de ma part avant que je ne m’enfouisse sous la couette. «
Aller debout. » Elle me sauta dessus en rigolant et mon pauvre ventre prit son genou. Je fis comme si de rien n’était. «
Tu sais quel jour on est? » Je fis semblant de réfléchir avant de lui répondre avec un sourire amusé. «
Tes parents ont finalement décampés en Italie? » Ça ne prit qu’une seconde avant qu’elle ne me donne un léger coup de poing sur la poitrine. «
Gros balourd, c’est ton anniversaire. » Son rire si contagieux ne me laissa pas indifférent. Mes mains vinrent attraper la jeune femme par la taille que je fis tomber à la renverse pour finalement me retrouver au dessus. Mes mains avaient empoignés ses poignets que je retenais pour l’empêcher de se débattre. «
J’ai droit à un cadeau? » Un sourire digne des vendeurs automobiles, je la fixais du regard tel un lion envers sa proie. Elle me fixait tout autant avec une légère teinte de réflexion dans ses yeux brillants de bonheur. «
Peut-être. Tu veux quelque chose en particulier? » Tout ce déroulait comme prévu. Je me penchai vers ma future fiancé pour venir lui murmurer quelques mots à l’oreille. «
Épouse-moi. » Je pu facilement sentir la tension de ses poignets se relâcher à la suite de mes paroles. Mon regard se déposa à nouveau sur la jeune femme qui arborait une expression de confusion. L’avais-je déstabilisé? Coincé? Je ne voulais pas qu’elle ressente le besoin de me dire oui simplement du fait que c’était mon anniversaire. «
Si tu ne veux pas, je vais comp… » Elle hocha vigoureusement la tête pour finalement laisser un large sourire prendre place sur son visage. «
Je le veux plus que tout au monde. » Mes lèvres rejoignirent les siennes et je libérai ses mains qui étaient toujours sous mon emprise. Pour la première fois dans mon existence, je pu dire que cet anniversaire fut l’un des plus beaux jours de toute ma vie.
14 juin 2010 - Hollow Creek Island
Après de longues heures de vol pénible passé en silence, nous étions finalement arrivés sur cette sois disant ile paradisiaque. Et c’était bien vrai. Les couleurs étaient si vivent et quelques palmiers bordaient l’aéroport qui était ni petite, ni gigantesque. Plusieurs hommes vinrent à notre rencontre pour souhaiter la bienvenue à tous les passagers qui venait de descendre de l’avion et ensuite, nous diriger vers l’intérieur pour y retrouver nos bagages. Tout pénard, je suivis le groupe et ma femme qui avait une légère avance sur moi. Plus les jours avançaient, plus notre relation devenait pénible. Elle ne me parlait plus et j’en faisais tout autant, ce qui n’aide pas du tout la cause. Arrivé à la station de bagage, j’observais les multiples sacs de différente couleur et grosseur passer sous mes yeux. À la vue d’un de nos sacs, assez gros, ma femme m’adressa enfin la parole, si on veut. «
Tu veux bien le prendre celui-là? » Sans répliquer, je m’approchai de la station circulaire et agrippa notre sac qui était effectivement trop lourd pour qu’elle eut le temps de l’attraper sans problème. À mon tour, je m’efforçai de lui parler. Après tout, la communication est clé dans un couple, je me devais d’y faire un effort et puis ce n’est pas comme si je détestais ma femme. Au contraire, je l’aime plus que tout au monde, selon moi, nous ne faisons que traverser une mauvaise passe et tout redeviendra à la normal d’ici peu de temps. Bien que cette mascarade dure environ depuis un an et demi. «
Tu peux me rendre service et aller me chercher un chariot pour transporter tout ces bagages? » À son tour, sans dire un mot, elle s’activa et revint quelques secondes plus tard avec un chariot que vint remplir de bagage. C’était un bon début. Il est vrai que nous n’avions pas de grande conversation, mais c’est déjà un bon début puisqu’on ne s’engueule pas à tue-tête. J’ai bien hâte de voir à quoi va ressembler le restant des vacances.